Vos vidéos YouTube entraînent-elles l'IA de Google illégalement ? Bruxelles enquête

L’Union européenne a officiellement ouvert, mardi 9 décembre, une enquête formelle à l’encontre de Google concernant ses pratiques en matière d’intelligence artificielle. La Commission européenne soupçonne le géant américain d’enfreindre les règles de la concurrence en utilisant les contenus d’éditeurs de presse et les vidéos YouTube pour entraîner ses modèles d’IA, sans offrir de compensation ni d’option de refus aux créateurs.
Cette procédure, pilotée par Teresa Ribera, vice-présidente de la Commission chargée de la concurrence, fait suite à une plainte déposée en juillet par des éditeurs indépendants et l'ONG Foxglove.
Bruxelles cherche à déterminer si Google abuse de sa position dominante pour imposer des conditions inéquitables aux acteurs du web, tout en verrouillant le marché face à ses rivaux. Si les infractions sont avérées, l'entreprise risque une amende pouvant atteindre 10 % de son chiffre d'affaires annuel mondial.
Abus de données sur YouTube et pression sur les éditeurs
Au cœur du dossier, l'exécutif européen examine la manière dont Google alimente ses services, notamment les "AI Overviews", ces résumés générés par intelligence artificielle qui s'affichent au-dessus des résultats de recherche classiques. La Commission craint que la firme de Mountain View n'exploite le travail des journalistes et éditeurs sans rémunération équitable.
"Google pourrait abuser de sa position dominante en tant que moteur de recherche pour imposer des conditions commerciales inéquitables aux éditeurs en utilisant leurs contenus en ligne afin de fournir ses propres services alimentés par l’IA", explique Teresa Ribera.
L'enquête se penche également sur le sort des créateurs de vidéos. Bruxelles suspecte Google d'utiliser les contenus publiés sur YouTube pour entraîner ses propres modèles d'IA sans laisser aux auteurs la possibilité de s'y opposer. Plus grave encore aux yeux du régulateur, l'entreprise interdit spécifiquement à ses concurrents d'exploiter ces mêmes vidéos pour des usages similaires. Ce qui désavantagerait les développeurs de modèles tiers.
Tensions transatlantiques et riposte de Google
Google rejette fermement ces accusations. Et met en garde contre les conséquences d'une telle régulation. Un porte-parole du groupe a réagi en affirmant que "cette plainte risque d’étouffer l’innovation dans un marché plus concurrentiel que jamais". Ce nouveau front judiciaire s'ouvre dans un contexte politique tendu entre Bruxelles et Washington, exacerbé par la récente amende infligée à X (anciennement Twitter) et les critiques de l'administration Trump envers la politique numérique européenne.
Cette offensive de Bruxelles ne se limite pas à Google. La Commission européenne multiplie les actions pour encadrer les géants de la tech sur le marché émergent de l'IA générative.
La semaine dernière, une enquête similaire a visé Meta concernant l'intégration de fonctionnalités d'IA dans WhatsApp. L'UE soupçonne la maison mère de Facebook de vouloir priver les fournisseurs tiers d'accès à sa messagerie pour favoriser son propre assistant, Meta AI.
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