Un bug caché menace de paralyser le RER A et 9 lignes du métro dès 2038, Alstom condamné par la justice

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Il est 3h14 du matin, en plein hiver 2038. Le RER A s’arrête soudainement, incapable de lire l’heure. Ce scénario de science-fiction pourrait bien devenir réalité si rien n’est fait. Le 13 novembre 2025, le tribunal administratif de Paris a condamné Alstom pour avoir intégré, dans une large partie du matériel roulant fourni à la RATP, un système informatique affecté par le fameux bug de l’an 2038. Et surtout, pour ne pas l’avoir dit.

Ce dysfonctionnement, découvert par hasard lors d’une simple maintenance en octobre 2017, concerne le codage des dates sur des systèmes 32 bits. Concrètement, ces systèmes ne peuvent pas enregistrer de dates postérieures au 19 janvier 2038 à 3h14 et 7 secondes.

Au-delà, les compteurs débordent, les horloges se réinitialisent à 1901 et les logiciels plantent. En 2017, sur un train MI09 du RER A, les techniciens de la RATP ont compris que le système refusait toute date supérieure à 2037.

Un vice dissimulé par Alstom selon la justice

L’analyse du bug a révélé bien pire. Sur 261 programmes embarqués dans les MI09, 38 étaient déjà confirmés comme affectés. Et tous les autres restent à auditer. Mais c’est surtout une ligne de code volontairement ajoutée par Alstom pour bloquer manuellement la saisie de dates futures qui a fait basculer l’affaire. Le tribunal a tranché : « le vice a été volontairement masqué » rapporte Le Parisien.

La justice a jugé que « la responsabilité de la société Alstom Transport devait être engagée » et que la RATP pouvait faire valoir « la garantie des vices cachés » indique L'Informé. La faille concerne potentiellement « la totalité des matériels qu’elle a fournis dans le cadre de commandes publiques entre 1989 et 2014 ». Neuf lignes de métro, six de tramway et le RER A pourraient être paralysés si rien n’est fait.

Alstom, de son côté, se défend. L’industriel affirme que la RATP avait demandé l’usage de logiciels "open source", souvent conçus en 32 bits. Il évoque également le fait que le bug de 2038 est connu depuis plus de vingt ans dans l'industrie. Mais le tribunal a écarté cette ligne de défense, soulignant que « La RATP, qui est seulement responsable des transports à Paris et en Île-de-France, ne dispose pas de compétences techniques identiques à celles d’Alstom Transport qui est un constructeur et concepteur de matériels roulants ».

Un calendrier judiciaire sous pression pour éviter un million d’euros par mois d'amende

La condamnation impose à Alstom un calendrier strict. Un état des lieux complet des systèmes concernés doit être livré dans un délai de 12 mois. Puis, une solution technique testée sous 24 mois. Enfin, le déploiement sur l’ensemble du matériel devra être terminé dans les deux années suivantes.

L’intégralité du plan doit être achevée avant 2030. Sinon, l’entreprise s’expose à une amende pouvant atteindre un million d’euros par mois.

« Le bogue rend les matériels en litige impropres à leur usage », conclut le jugement. Si la ligne A du RER, qui transporte plus d’un million de passagers par jour, devait s’arrêter brutalement en 2038, les conséquences seraient considérables. Pour l’heure, Alstom a décidé de faire appel de cette décision.



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