Fin du rêve métavers ? Meta coupe les budgets et investit 72 milliards dans l'IA

Face à l'échec commercial de ses casques de réalité virtuelle et à la désertion des mondes numériques comme Horizon Worlds, le patron de Meta opère un virage stratégique brutal.
L'entreprise siffle la fin de la politique du "quoi qu'il en coûte" pour le métavers et réoriente massivement ses ressources vers un secteur jugé bien plus porteur : l'intelligence artificielle.
Rationaliser les coûts pour financer une guerre technologique contre Google et OpenAI
Cette réorganisation, décidée lors d'une réunion discrète à Hawaï, marque une rupture nette avec les ambitions affichées en 2021 lors du changement de nom de Facebook.
Alors que les investisseurs s'inquiétaient de ces dépenses pharaoniques sans horizon de rentabilité, Meta a confirmé des coupes drastiques dans sa division historique Reality Labs (après l'avoir financé très largement pendant des années).
L'objectif est désormais de rationaliser les coûts pour financer une guerre technologique contre Google et OpenAI. Une décision immédiatement saluée par les marchés avec une hausse de l'action dépassant les 6 %.
Une saignée budgétaire pour Reality Labs et des projets reportés
Les chiffres donnent le vertige et illustrent l'ampleur du changement de cap. La division Reality Labs, dédiée à la réalité virtuelle et augmentée, va subir des coupes budgétaires avoisinant les 30 % pour l'année 2026. Selon le New York Times, cela pourrait représenter une amputation de 4 à 6 milliards de dollars, accompagnée d'une réduction d'effectifs de 10 à 30 % et de licenciements possibles dès janvier. Ces mesures visent à endiguer des pertes cumulées supérieures au PIB de certains pays.
Les conséquences de cette austérité touchent directement le calendrier des produits. Les lunettes connectées hybrides, connues sous le nom de code "Phoenix" et initialement attendues pour le second trimestre 2026, ne verront pas le jour avant le premier semestre 2027.
Pour rappel, le projet Phoenix aurait un design comparable au casque Vision Pro d'Apple, avec la nécessité d'un petit module externe pour faire fonctionner l'appareil.
Maher Saba, vice-président de Reality Labs, a justifié ce retard en interne par la nécessité d'avoir une marge de manœuvre pour peaufiner les détails. Toutefois, ce délai ne servira pas à enrichir le produit.
72 milliards pour l'IA : le nouveau pari "Superintelligence"
Si Meta ferme le robinet du métavers, l'entreprise ouvre les vannes pour l'intelligence artificielle. Le groupe prévoit d'investir jusqu'à 72 milliards de dollars en dépenses d'investissement cette année, principalement pour renforcer ses infrastructures et ses modèles de langage.
Pour rattraper son retard et ne pas se laisser distancer par la concurrence, Mark Zuckerberg a créé une nouvelle unité baptisée "Superintelligence Labs". Cette structure a pour mission d'attirer les meilleurs talents, notamment en débauchant chez DeepMind et les créateurs de ChatGPT.
L'approche matérielle évolue également pour servir cette nouvelle priorité. Au lieu de vendre des terrains virtuels, Meta se concentre désormais sur des "wearables" ancrés dans le réel, comme des lunettes connectées capables d'assister l'utilisateur au quotidien.
Le recrutement d'Alan Dye, ancien designer de renom chez Apple, confirme cette volonté de créer des objets connectés élégants et utiles. Mark Zuckerberg justifie ces investissements massifs par la nécessité de "charger la capacité à l'avance" pour soutenir les futurs modèles d'IA générative, transformant ainsi le rêve du métavers en une ambition technologique plus pragmatique.
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